La bavarde du web

“ Salut Ophélie, ou devrais-je dire : la bavarde du web !
Tu as 26 ans et tu accompagnes les entreprises et les entrepreneurs dans le développement de leur
business sur le web depuis 2018. D’abord salariée dans une agence de communication et désormais
à ton propre compte, tu as décidé de dédier ta vie professionnelle à l’un de mes pires ennemis : les
mots !
Comme tu le sais déjà, je m’implique dans la cause des dyslexiques, en particulier ceux qui évoluent
dans le monde de la communication. Tu ne présente aucun trouble dys mais en tant que rédactrice
web aguerrie, j’imagine que l’orthographe est au cœur de tes missions.
Je souhaiterais te poser quelques questions sur ton parcours et sur la relation que tu entretiens avec
l’orthographe. L’idée est de libérer la parole sur un tabou qui touche de nombreuses personnes – dys
ou non dys – et de partager au plus grand nombre, des idées, des outils ou des astuces utiles.”

D’abord, veux-tu te présenter en quelques mots ?

Salut Margaux, avant tout, bravo.
Je trouve ton initiative auprès de la communauté dys très pertinente et je suis ravie de pouvoir
répondre à ton interview. Pour les petites présentations : mon entreprise va bientôt fêter son premier anniversaire. Après un déménagement en Normandie, j’ai décidé de voler de mes propres ailes en tant que consultante en communication digitale. Un an d’entrepreneuriat : clairement l’année la plus intense de ma vie (sans blague) !
Je suis aussi une jeune maman d’un petit garçon de 17 mois. C’est peut-être aussi pour ça que j’ai
trouvé cette année si turbulente. Mais je te rassure, j’ai adoré ça.

En effet, être mère est déjà un boulot à plein temps, alors être entrepreneuse en même temps
demande, sans aucun doute, beaucoup d’énergie.

Peux-tu nous dire, plus en détails, à quoi ressemble ton parcours ?

Plus jeune, je n’avais jamais pensé à devenir rédactrice web. Ce n’est pas le genre de métier qu’on
idéalise quand on a 16 ans. J’ai trouvé ma vocation au fil de mes diverses expériences
professionnelles.
J’ai d’abord étudié la communication dans sa globalité avec un DUT INFO COM. Marketing, cours de
design, histoire de l’art… Tout un enseignement théorique pour comprendre les fondements de la
communication.
J’ai ensuite voulu me spécialiser dans le digital avec une licence professionnelle « Création pour le
web ». Bye-bye la théorie, place à la pratique : codage html, création de site, écriture web,
webdesign…
J’ai ensuite rejoint une agence de communication pour travailler en tant que cheffe de projet : une
expérience très riche dont tu connais une partie de l’histoire.
Et depuis octobre 2022, me voilà lancée dans l’entrepreneuriat.

Peux-tu nous présenter ton métier en quelques mots ?

Aujourd’hui, j’accompagne les entrepreneurs et les entreprises à se développer sur Internet. Ma
mission première est de les aider à créer des contenus en ligne authentiques et alignés avec leur
identité de marque. Plus les contenus diffusés sont justes et percutants, et plus mes clients atteignent facilement leurs objectifs.
Mon quotidien se résume à :
– écrire des articles de blog ;
– faire du référencement ;
– animer des communautés sur les réseaux sociaux ;
– auditer des sites web pour les faire performer ;
– gérer des publicités en ligne.
Du moins, ça c’est ce que je fais pour mes clients, il y a aussi une grande partie de gestion et de
développement pour mon entreprise.

As-tu vécu des hauts et des bas que tu voudrais nous partager ?

Si tu trouves un entrepreneur qui te répond non à cette question, je veux bien sa recette magique.
Entreprendre, c’est vertigineux. Tu te remets en question régulièrement et douter fait partie du jeu.
Quand je me suis lancée, je suis partie de zéro. Mon fils avait 6 mois, je venais d’arriver dans une
nouvelle région où je ne connaissais personne. Pas de réseau professionnel, pas de famille, rien.
Juste moi, mon clavier et ma détermination à créer quelque chose qui donne du sens à mon
quotidien.
Les premiers mois de mon activité ont été très difficiles. Peu de clients, peu de connaissances dans
la gestion d’entreprise, peur de ne pas être à la hauteur… Beaucoup de facteurs sont venus remettre
en cause mon projet. Et puis pour être totalement transparente, la peur de ne pas gagner assez
d’argent.
Une remise en question tellement forte que j’ai fini par postuler à plusieurs offres en CDI. Je suis
arrivée à mon premier entretien avec le sentiment de faire la plus grosse erreur de ma vie. J’ai eu une
prise de conscience, je ne pouvais pas abandonner maintenant.
Alors j’ai refusé leur offre, j’ai cru en mes services et surtout, je me suis fait accompagner.
Je me suis formée pour apprendre à gérer un business. Car oui, j’ai les compétences pour travailler
et offrir à mes clients des services sur le web mais gérer une entreprise c’est tout un autre monde.
Depuis, mon business ne fait que grandir. Je suis à l’aise avec mes offres, je sais qu’elles aident et
répondent aux besoins de mes clients. Je n’ai plus peur de prendre des décisions et surtout, j’ai
appris à être patiente. Aujourd’hui, j’arrive à vivre de mon activité, et j’espère de tout coeur continuer
longtemps cette aventure.

Pourquoi as tu choisi la voie des mots ?

J’ai décidé de faire des mots mes arguments pour aider mes clients à atteindre leurs objectifs.
Un texte peut faire vivre de multiples émotions : la colère, la joie, la nostalgie, le rire, l’empathie. Un
texte peut transporter littéralement le lecteur dans un autre univers. Il peut se projeter, s’identifier,
se consoler…
Et de nos jours, le marketing agressif est de moins en moins apprécié par les lecteurs, toutes
plateformes confondues. J’offre à mes clients la possibilité de communiquer avec des mots justes,
percutants et alignés à leur essence même.
De cette manière, j’oriente leur communication vers des discours plus respectueux et plus proche de leur cible. Les mots me permettent de véhiculer des émotions fortes qui font réagir à coup sûr
l’audience de mes clients.

Quelles sont tes perspectives d’avenir ?

J’ose rêver grand. Je travaille sur le développement de nouvelles offres, j’élargis mon réseau et je
tisse des liens avec d’autres professionnels de la communication pour qui sait, peut-être un jour,
collaborer avec eux.

L’ORTHOGRAPHE D’UNE BAVARDE

En quoi écrire sans fautes d’orthographes est-il important ?

Avoir une orthographe irréprochable : c’est ce que l’on attend souvent d’une rédactrice web. Et c’est
légitime. Une communication avec des fautes un peu partout, pour l’image de marque, c’est moyen.
L’orthographe, c’est littéralement le reflet de la rigueur, du professionnalisme et du sérieux d’une
marque. Je suis obligée d’y faire attention, et de relire plusieurs fois mes contenus.
Mais attention, je ne suis pas une machine. Je n’ai pas honte de dire que oui, je fais moi aussi des
fautes. L’erreur est humaine, le principal, c’est de s’en rendre compte et de mettre en place des
actions pour les éviter.

Quelles actions mets-tu justement en place ?

Je te partage mes étapes pour obtenir le texte parfait (ou presque) :

  • J’écris d’abord sans me soucier de l’orthographe, pour ne pas nuire à ma créativité et ne me
    poser aucune contrainte.
  • Je fais une première relecture pour corriger les coquilles que je suis en mesure de percevoir.
  • J’utilise ensuite des correcteurs en ligne comme Scribens. C’est un outil gratuit, plutôt
    performant pour corriger tous types de fautes.
  • Je vérifie la conjugaison de certains verbes sur OBS.
  • J’enrichis mes contenus avec des synonymes que je trouve sur synonymes.com
  • Je relis une dernière fois, et si j’ai la chance d’avoir une âme charitable sous la main, je lui
    fais relire pour avoir un regard neuf sur mon contenu.

Considères-tu les fautes d’orthographes comme une source d’anxiété dans ton quotidien professionnel ?

J’ai appris à relativiser, j’ai mis en place tout un système me permettant de ne plus angoisser à l’idée
de laisser une faute.
J’ai confiance en mon process et si jamais une coquille se glisse dans l’un de mes contenus, tant pis :
c’est preuve d’authenticité !

Toi qui as aussi travaillé en agence, penses-tu qu’il y ait de l’entraide au sein d’une équipe ?

À partir du moment où les problématiques de chacun sont énoncées clairement, je pense que oui.
Il n’y a pas de honte à évoquer une lacune. La transparence permet à chacun de mieux cerner les
membres de l’équipe et ainsi d’adapter la manière de travailler.

Quelles sont tes erreurs les plus fréquentes ?

J’écris des centaines de mots chaque jour, alors les fautes de frappe sont les plus courantes.

Les tests PISA démontrent régulièrement que le niveau d’orthographe nationale est en baisse et que
de plus en plus de mots-clés mal orthographiés sont utilisés dans les requêtes des internautes dans
les moteurs de recherches.

On pourrait se demander si c’est une bonne idée d’intégrer des
fautes dans notre contenu web. Qu’en penses-tu ?

JAMAIS. Ce qui prime, c’est l’expérience utilisateur.
Offrir des contenus mal orthographiés à ses lecteurs, c’est se tirer une balle dans le pied. Ils vont
perdre confiance en la marque et donc ne plus consulter les prochains articles de blog par exemple…
C’est une mauvaise stratégie selon moi, il y a d’autres moyens pour réussir son référencement.

Ok, la réponse à le mérite d’être claire !
Quel que soit notre niveau d’orthographe ou nos difficultés, je crois que nous avons tous une
faute qui nous fait systématiquement rire ou qui nous exaspère. Pour ma part, le “salu sa va”
figure dans mon top 3.

As-tu un exemple d’erreurs qui ne te laisse jamais indifférente ?

Je grince toujours des dents quand je vois des contenus négligés par manque de temps, ou par
mépris volontaire de la langue française.
Le pire je pense c’est le fameux « bonne anniversaire » !

Oh que oui ! Je me souviens de l’avoir écrit de cette façon dans la carte d’anniversaire d’une
camarade de collège, après qu’un autre jeune invité se soit aperçu de la même faute dans sa carte…
Comme quoi, on est pas tous parfait.

D’ailleurs as-tu une anecdote à nous raconter ?

D’accord, mais promettez-moi de ne pas vous moquer ! Un jour, j’ai un client au téléphone. Je devais
lui épeler une adresse mail. Logiquement, pour être certain que notre interlocuteur a bien compris la
lettre, on a pour habitude de lui donner un prénom commençant par cette même lettre. Je commence donc avec A comme Arnaud, M comme Margaux… Et là, la boulette. J’ose dire « E comme épinard… ».
Moment de silence dans l’open space suivi d’un fou rire de mes collègues.
Même si mon client a dû me prendre pour une folle, j’en garde un bon souvenir. Encore une fois,
c’était authentique et spontané !

Plus sérieusement, quel rôle/importance joue l’orthographe dans ton domaine ?

L’orthographe est intimement liée à la crédibilité d’une marque. Il est difficile de convaincre un
internaute de venir acheter chez toi si tes contenus manquent de rigueur sur le plan rédactionnel.
Dans mon métier, écrire sans faute est un gage de qualité et de confiance : je suis obligée d’y
prêter attention. C’est aussi ma force, c’est un argument de vente : faire appel à une rédactrice web
c’est aussi s’assurer de la qualité des textes.

Quels sont les risques de la présence de fautes d’orthographes ?

Une négligence donne une mauvaise image de marque, un manque de soin, de rigueur… Mais
comme je l’ai expliqué plus haut, il arrive qu’une coquille passe inaperçue et il n’y a pas mort
d’homme.

De quelle type de fautes parlons-nous ?

Toutes les fautes : Fautes de frappes, Fautes d’inattentions, Fautes de français

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui nous lisent ?

Faire de son mieux : c’est la clé en rédaction. Connaître ses lacunes permet de redoubler d’efforts. Si
tu as des difficultés en orthographe, opte pour des phrases courtes, adopte les bons outils et n’aie
pas honte de te faire relire ou de te faire accompagner par un professionnel.

Merci Ophélie pour tes réponses sur ce sujet qui nous concerne tous ! ”